[Interview] Quand les élèves deviennent moteurs du changement

Emeric Marotte
Enseignant de SVT
Lycée Pablo Picasso Avion
Académie de Lille

Le lycée Pablo Picasso Avion est inscrit au programme Eco-Ecole depuis 2021. Les élèves sont au cœur de l'engagement éco-responsable de l’établissement. Leur implication directe permet de mener des actions concrètes chaque année sur plusieurs thématiques du programme Eco-Ecole. 

Comment avez-vous connu le programme Eco-Ecole ?   

Lorsque je suis arrivé au Lycée Pablo Picasso, l'idée de mettre le développement durable au cœur de l'enseignement me tenait à cœur, comme cela avait été le cas dans d'autres établissements où j'avais travaillé. J'ai donc cherché à creuser un peu plus autour de moi pour savoir quelles initiatives existaient déjà. C’est ainsi que j’ai découvert le programme Eco-Ecole grâce à la page Profs en transition, qui en parlait. La possibilité de pouvoir y participer et de permettre à mes élèves de suivre cette démarche m’a tout de suite séduit. Avant cela, nous avions déjà amorcé des actions liées à l’environnement, mais Eco-Ecole a vraiment permis de mettre le pied à l’étrier de manière plus structurée et concrète. 

 

 

Comment avez-vous mis en place les projets au sein de votre établissement ? 

Nous avons mis en place plusieurs initiatives pour favoriser l'engagement des élèves, notamment avec la création des parlements d'éco-lycéens et d’éco-lycéennes. Contrairement aux élections traditionnelles, tous les élèves volontaires peuvent participer, ce qui permet d'inclure un maximum de voix et d'idées. Ces parlements se traduisent par des réunions régulières d’éco-comité où nous échangeons sur ce qui fonctionne bien, ce qui doit être amélioré, et ce qu’il faut maintenir. C'est une démarche qui repose sur les valeurs du programme Eco-Ecole et qui permet de structurer nos projets autour des volontés et des idées des élèves.  

 

Nous partons toujours des propositions des élèves : ils et elles déterminent les thématiques à traiter, que ce soit à travers des ateliers créatifs, où chacun peut exprimer ses idées, ou par des discussions en commission. Souvent, une thématique prioritaire émerge, sur laquelle nous construisons un plan d’action concret. Nous déterminons ensemble les objectifs, les actions à mener et comment sensibiliser le reste de l'établissement. Actuellement, nous avons environ 65 éco-lycéens et éco-lycéennes pour 400 élèves, et cette dynamique permet de maintenir l'engagement sur le long terme. Il est essentiel de s’inspirer de leurs idées et de leur motivation pour faire en sorte que les projets ne soient pas seulement des actions ponctuelles, mais bien des initiatives durables qui auront un réel impact.  

Ce n’est pas une révolution immédiate de l’établissement, mais une démarche qui s’ancre dans le long terme, avec des bénéfices concrets et durables.

Le programme Eco-Ecole a-t-il « changé » votre manière d’enseigner ?  

La grande différence, c'est qu’Eco-Ecole permet de placer les élèves au cœur du projet. Avant, les actions étaient souvent menées avec les élèves en second plan. Maintenant, tout part de leurs envies. En tant qu'enseignant, je suis un peu le chef d'orchestre, mais ce sont les élèves qui mènent le projet. 

Cela a plutôt changé la manière d’aborder les projets. Les élèves sont plus impliqués (même les plus timides !) et vont souvent jusqu’à défendre leurs idées avec des arguments solides. Le fait que les élèves soient eux-mêmes les porte-paroles de ces projets, en allant voir les adultes pour discuter des changements à instaurer par exemple, leur donnent une vraie portée et un impact. Ce n'est plus simplement une action menée en classe, mais un véritable mouvement. 

 

Quelle action vous a le plus marquée ? 

Le projet le plus marquant pour les élèves et la communauté a sans doute été celui valorisant notre rôle de "poumon vert". Nous avons la chance de disposer de 3 hectares d’espaces verts, ce qui nous a permis d’organiser des événements collaboratifs avec les établissements voisins, tels que des journées portes ouvertes. 

 

Les activités, allant de l’observation des oiseaux à la plantation d’arbres fruitiers, en passant par du land art, ont dépassé le cadre d’une simple action ponctuelle. Les retours des élèves des établissements participants ont été extrêmement positifs, et cette initiative a donné naissance à trois clubs nature au sein des établissements. 

 

Une seule journée a suffi pour tisser des liens solides entre les élèves de maternelle, de primaire, de collège et de lycée. Ces connexions, qui ont renforcé le sentiment d’appartenance à une communauté éducative élargie. 

 

Dans notre quartier, où plusieurs établissements se côtoient, les élèves ont souvent l’occasion de se retrouver d’une année sur l’autre. Grâce à la mise en place de réunions inter-établissements et de parlements, ils ont appris à mieux se connaître et à travailler ensemble. Cela leur permet de collaborer de manière fluide et efficace, sans pour autant surcharger le personnel enseignant. 

 

Ce projet a démontré que des initiatives, même modestes au départ, peuvent s’inscrire dans une dynamique durable. L’objectif est de montrer aux élèves que leurs actions, guidées par leurs idées et leur motivation, peuvent réellement transformer leur environnement et leur quotidien. Ce n’est pas une révolution immédiate de l’établissement, mais une démarche qui s’ancre dans le long terme, avec des bénéfices concrets et durables. 

Le projet renforce-t-il la motivation des élèves selon vous ? Si oui, comment ?  

Absolument. Le projet leur donne un véritable rôle à jouer et leur permet de comprendre que le développement durable, ce n'est pas seulement planter des arbres fruitiers, mais aussi agir pour que ces initiatives s'inscrivent dans le temps. Cela passe par la sensibilisation des agents d’entretien ou encore les échanges avec des partenaires extérieurs. Cette dynamique collective crée une véritable émulation au sein de l’établissement.  

 

Avez-vous travaillé aux côtés de partenaires locaux (collectivité, associations…) ?   

Nous avons travaillé en étroite collaboration avec la mairie, la sous-préfecture, et la région des Hauts-de-France. Cette coopération a facilité l’accès à des ressources que nous n’aurions pas eues autrement, comme des subventions. Maintenant, ces partenaires nous suivent activement dans nos projets. Par exemple, lorsque nous avons besoin de matériel spécifique, comme une semi-remorque ou des équipements pour des sorties (bêches, pelleteuse, etc.), ils n'hésitent pas à nous prêter ce dont nous avons besoin. 

 

Nous avons également collaboré avec des associations locales comme le CPIE Chaîne des Terrils. Ensemble, nous avons monté un projet pour créer une aire terrestre éducative. Cela montre à quel point ces partenariats sont essentiels et qu'ils permettent de renforcer les actions menées par l’établissement. 

 

 

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Publiée le 27/11/2024
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